Épilogue d'un voyage au long cours
11H20 l'avion vient de se poser sur le tarmac de l'aeroport Roissy Charles de Gaulle. Bienvenue à Paris la température extérieure est de 27°. Retour à la réalité. La France, Paris. Des mots qui, à peine prononcés, ont souvent fait briller les yeux de nos interlocuteurs qui se rêvaient déjà sous la Tour Eiffel. Puis, au fil des kilomètres, au fil du temps, les regards se sont détournés et ce pays autrefois porteur d'égalité, de liberté et de sécurité a fini par susciter incompréhension, tristesse et méfiance. 12H00, deuil national, une minute de recueillement en hommage aux victimes de Nice. Onze mois de rêve éveillé aux quatres coins du monde, où chaque jour apporte son lot de nouveauté, de découverte et d'émerveillement là où le quotidien se veut plus souvent source d'agacement, d'exaspération et de désolation. Onze mois où pas une seconde nous nous sommes sentis en danger, menacés ou indésirables, là où chez nous les incivilités, l'insécurité et la peur de l'autre deviennent monnaie courante. Soyons honnête en onze mois, ce dernier atterrissage sera bien le seul à ne pas nous faire rêver, partagés entre nostalgie de l'insouciance des jours passés et plaisir de retrouver ceux qui nous ont manqué. Alors pour ne pas céder à la morosité ambiante et au désir de ceux qui voudraient nous dessiner un monde sombre, nous fermons les yeux et revivons chacun des 326 magnifiques jours de notre périple. Une fuite de la réalité diront certains, une necessité pour avancer pour d'autres. Bangkok, Valparaiso, Bogota, Rio... tant de villes, tant de lieux aux sonorités lointaines associés pour toujours à une image, une anecdote, un souvenir. 26 500 kms sur les routes du monde, presque le double dans les airs traduient en 63h30 d'avion et 570h de bus. Onze pays et autant de monnaies, de codes auxquels il a fallu se familiariser à chaque passage frontière. Au cœur de cette diversité à laquelle il est impossible de se lasser, une chose, omniprésente, majestueuse, immaîtrisable, et pourtant souvent menacée, la Nature, grande par sa simplicité. Mais aussi l'Homme, le moderne, le sophistiqué, l'omnibulé par son image mise en scène dans des auto-clichés risibles publiés sans discernement sur la toile, et les déconnectés, les arriérés qui accordent encore de l'importance à la chaleur d'un sourire, d'un regard, d'une oreille tendue ou au réconfort d'une parole même insignifiante. Un monde de constraste où il faut sans cesse jongler avec ses valeurs. Et puis il y a vous, vous que nous avons embarqué dans cette incroyable aventure en partageant nos clichés et nos récits. Une ouverture sur le monde, un moment d'évasion qui auront peut être suscités des désirs d'ailleurs et d'inconnu auxquels, sachez-le, une fois goutés il est difficile de résister.