L'incroyable biodiversité du Pantanal
Vaste plaine de plus de 200 000 km² située à la frontière entre la Bolivie, le Brésil et le Paraguay, le Pantanal se caractérise comme la plus grande zone humide du monde. Noyée sous les eaux entre 4 à 6 mois de l'année, la région est de ce fait moins accessible et moins fréquentée que sa voisine l'Amazonie. Et pourtant, le Pantanal à de quoi satisfaire les amateurs de nature avec un grand N! A la saison sèche, qui s'étire d'Avril à Septembre, les eaux se retirent et ouvrent l'accès à un véritable paradis écologique. Les animaux jusqu'àlors recluent dans les zones sèches peuvent enfin sortir de leur isolement et profiter en abondance des richesses nutritives qui jonchent le sol humide et boueux avant que celui-ci ne se déssèche, s'appauvrisse et soit de nouveau submergé par les eaux pendant de longs mois.
A cette même période, le Pantanal se visite alors en bateau pour une observation à partir des nombreux canaux et rivières qui caractérisent la région; à pied pour approcher de plus près la nature et défier ses peurs en parcourant pieds nus les eaux peuplées de piranhas; en jeep pour s'enfonçer dans la nature sauvage; ou encore à cheval à l'instar de ses habitants, éleveurs de père en fils, qui domptent le bétail à coup de lasso.
L'ambiance est résolument «cow-boy» dans ces exploitations agricoles qui, petit à petit, se tournent vers le tourisme dans un souci de pérennisation et de préservation d'un mode de vie dicté par les lois de la nature et devenu peu rentable. Réunissant la plus forte concentration d'animaux au monde, le Pantanal ne dénombre pas moins de 650 espèces d'oiseaux dont le plus grand perroquet du monde, le plus menacé également, le Ara Hyacynthe aux plumes bleues cobalt, qui enchantera nos yeux tout du long de notre séjour. Tout comme les Toucans que nous nous amusons à débusquer sur les hauteurs de leurs arbres préférés et que nous ne comptons même plus à la fin de notre séjour.
L'eau qui se retire au fil de l'avancée de la saison sèche laisse à découvert les quelques 325 espèces de poissons, emprisonnés dans les mares, en proie aux échassiers loin de manquer à l'appel qui viennent le jour se délecter de ces mêts à portée de bec. Le caîman yacaré n'est pas absent du décor non plus.
Représentés par millions dans le Pantanal, ces derniers profitent d'un bain de soleil journalier en attendant sagement leur tour sur les rives. A la nuit tombée alors que le ciel s'embrase de couleurs feu, ils rejoignent les eaux noirâtres du Pantanal et illuminent le marais de leurs yeux scintillants.
Il ne fait pas bon se promener à ces heures obscures où serpents et tarentules prennent possesion des lieux. Les vaches qui se seront trop éloignées de la ferme en payeront le prix fort. Car dans cet univers déjà hostile, le jaguar, dont la présence nous est témoignée par ses empreintes laissées sur le sol, est un prédateur bien plus redoutable.
A défaut d'en faire la rencontre nous portons notre attention sur un tatou qui de son nez effilé perfore le sol en quête de nourriture, et sur une famille de capybaras venue se réfugier pour la nuit au pied de notre dortoir.
Cannes en bambou sur l'épaule, nous traversons une dernière fois le marais pour une petite partie de pêche peu banale. Les piranhas frôlent nos orteils mais s'enchaînent surtout au bout de nos lignes. Le sourire aux lèvres, un air de Tom Sawyer au bout des lèvres, captivés par la beauté de ce qui nous entoure, nous savourons la liberté, l'insouciance et l'aventure.