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Mikarin' the World
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19 juin 2016

Entre légendes urbaines, traditions et réalité

Bienvenue en Bolivie, bienvenue à La Paz, capitale administrative (Sucre étant la capitale officielle) la plus haute du monde où les histoires ne manquent pas. Entre légendes urbaines, traditions et réalité, on en apprend à chaque coin de rue dans cette ville qui semble aussi perchée que ses 3600 mètres d'altitude. Pour vous donner un petit aperçu, nous avons décidé de vous présenter la ville en six points.

  1. EL Alto

Avant d'arriver à La Paz vous n'aurez pas d'autres choix que de passer par El Alto, ville périphérique qui surplombe La Paz et qui ne cesse de grignoter l'espace à coup de constuctions chaotiques. Extension de la capitale bolivienne, El Alto accueille pas moins de 80 nouvelles familles par jour. Aubaine pour les promoteurs immobiliers qui spéculent sur ces nouvelles arrivées et bétonnent le paysage de constructions à rabais. Pour les plus aisés, en quête d'air pure, les maisons prennent de la hauteur et se batissent sur des édifices déjà haut de plusieurs étages. L'architecture est anarchique mais s'améliore au fil de la descente vers La Paz, située en contrebas. En haut, où l'air est irrespirable, les pauvres; en bas, là où les températures sont plus clémentes, La Paz, enclavée entre les montagnes qui culminent à plus de 4000 mètres d'altitude.

  1. San Pedro

Mais notre expérience à Bogota nous aura appris qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Nous décidons donc d'explorer La Paz en compagnie d'habitants fiers de leur ville, qui, pour un prix dérisoire, proposent de vous en dévoiler les moindres secrets. Rendez-vous place San Pedro, en plein centre ville où, aux abords du petit square propret, se trouve la plus grande prison de La Paz, la prison de San Pedro. Alors que l'édifice d'époque colonial se verrait bien accueillir un musée ou un hôtel de luxe, ce dernier abrite pas moins de 1600 détenus, plus ou moins chanceux de purger leur peine dans l'une des prisons les plus célèbres d'Amérique du Sud. Pour séjourner à San pedro il faut d'abord s'acquitter d'un droit d'entrée mais il faut également acheter sa cellule. Ainsi, certaines cellules, aux allures d'appartement, peuvent valoir jusqu'à 5000 dollars par mois. Par ailleurs, il n'est pas surprenant d'y rencontrer les femmes et enfants des détenus venus s'installer au sein de cette établissement où tout se monnaie. Et pour faire vivre tout ce petit monde, une véritable activité économique s'est développée à l'intérieur. On peut donc déjeuner dans des restaurants, se faire couper les cheveux, faire laver son linge et même faire appel à un agent immobilier pour acquérir son logement temporaire. Une ville dans la ville où les plus pauvres, amassés dans de véritables taudis, sortent leur épingle du jeu en poursuivant les activités pour lesquelles ils ont été condamnés... La meilleure cocaine du monde sortirait donc des murs de la prison de San Pedro... Des visites touristiques ont été organisées pendant un temps par un anglais arrêté pour trafic de drogue. Mais depuis sa sortie, plusieurs incidents ont eu lieu et les tours ont malheureursement cessés.

  1. Les Cholitas

Impossible de passer à côté, les Cholitas sont omniprésentes en Bolivie! Coiffées de deux longues nattes souvent rallongées et rattachées entre elles à leur extrémité, d'un chapeau deux fois trop petit, et d'une jupe plissée, cet habit traditionnel porté par les femmes de culture Aymara tient en fait son origine de l'époque colonial. Une légende raconte qu'un commerçant anglais victime d'une cargaison défectueuse de chapeau melon aurait vendu aux femmes boliviennes que ces chapeaux trop petits étaient le dernier cri de la mode en Europe. Ces dernières se les seraient immédiatement appropriés pour ne plus jamais les quitter. Tout comme la jupe plissée, qui n'est qu'une adaptation des longues jupes plissées portées par les femmes de colons. Il a fallu cependant adapter tout cela aux critères de beauté locale: des hanches bien portantes signe de fertilité, de longs cheveux qui ne sont coupés qu'en guise de chatiment et de beaux mollets qu'on dévoile pudiquement aux hommes lorsque le jeu de séduction est accepté. Le chapeau, quant à lui, désormais accessoire indispensable, se porte droit pour les femmes mariées et de côté pour les femmes célibataires, avec une habilité dont seules les boliviennes ont le secret

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  1. La coca

La coca est en Bolivie, comme dans d'autres pays d'Amérique du Sud, une véritable institution. Plante sacrée pour les peuples de culture amérindienne, elle est utilisée depuis plus de 5000 ans aussi bien dans les rituels religieux que pour ses vertus médicinales. Riches en vitamines, minéraux et protéines, c'est un stimulant naturel qui permet notamment de lutter contre la fatigue et le mal d'altitude. La feuille de coca plus couramment machée mais aussi consommée en tisane ne contient qu'une infime quantité de cocaine, puissant alcaloïde découvert, isolé et mis sur le marché par les européens bien après la colonisation.

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Aujourd'hui, prétextant que les pays producteurs contribuent fortement à l'expansion du marché des narcotrafiquants, les Etats-Unis demandent à la Bolivie d'éradiquer ses plantations de coca. Ne serait-ce pourtant pas eux à l'origine d'une célèbre boisson énergisante à base de coca et qui ont fait appel un temps à ces même pays pour se fournir en matière première? Mais, Evo Morales, actuel président bolivien, lui même ancien producteur de coca, a obtenu en 2013 auprès de l'ONU la dépénalisation de la culture et de la mastication de la feuille de coca au nom du respect d'une pratique ancestrale.

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  1. Les fœtus de Llama

Dans ce pays aux traditions fortement ancrées et à la superstition exacerbée, il n'est pas rare de faire appel à des sorcières. Il existe donc un marché spécifique où l'on trouve toute sorte d'amulettes, de remèdes, de plantes, et d'objets plus ou moins surprenants à l'image de ces fœtus de llamas fièrement exposés.

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Les peuples amérindiens vouent un culte sans limite à Pachamama, la Terre Mère, à qui ils font appels au travers de multiples offrandes pour la remercier ou pour lui demander sa protection. Lorsque par exemple quelqu'un decide de construire une maison, il est donc d'usage d'incorporer une offrande aux fondations pour s'offrir la bénédiction de Pachamama. Mais cette dernière ne se contenterait pas seulement de fœtus de Llama pour des constructions de plus grande ampleur et nous vous laissons entrevoir ci-dessous ce qui pourrait bien être de plus sacré qu'un llama. La Bolivie est un pays au richesse exorbitante mais à la pauvreté galopante. La Paz, tout comme les grandes villes de pays pauvres, abrite les populations les plus démunies venues chercher des conditions meilleures mais qui finalement se retrouvent aspirées par la spirale infernale de la pauvreté. L'alcool fait des ravages, comme partout ailleurs, mais, ici, on s'ennivre à l'alcool à 96°. Les plus désespérés qui souhaitent mettre un terme à des années de souffrance et à une situation sans issue s'orienteront sans tabou vers le cimetière des éléphants. Des hôtels miteux à l'écart des regards indiscrets où, contre quelques bolivianos, on vous enferme dans une chambre avec un seau de dix litres d'alcool quasi pure... Je vous laisse imaginer la suite et faire le lien avec les offrandes à la Pachamama....

  1. Le téléphérique

Dans une ville configurée comme La Paz, difficile de développer un réseau de transport en commun si celui ci n'a pas été pensé auparavant. Il existe bien de nombreux mini bus qui sillonnent la ville de part en part, mais le réseau routier est entièrement saturé et les déplacements peuvent vite devenir un cauchemard. Du coup, La Paz a opté dernièrement pour la construction de lignes de téléphérique. Pas besoin de travaux pharamineux: des poteaux, un cable, des cabines et le tour est joué!

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Quatres lignes sont aujourd'hui en service mais, à terme, la ville devrait etre parcourue par une dizaine de ligne aérienne. Au lieu de mettre plus d'une heure pour sortir de La Paz, les habitants peuvent désormais rejoindre El Alto en dix minutes. Nous nous devions donc de tester ce nouveau mode de transport qui se développe massivement dans les grandes agglomérations au trafic saturé.

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Et, lorsque les transports routiers de La Paz se mettent en grève le jour où vous avez programmé de quitter la ville et que vous devez absolumment vous rendre à votre prochaine destination où un train vous attend, le téléphérique se révèle plus qu'utile. Tout La Paz semble alors converger vers l'unique transport en fonctionnement et les files d'attente sont monstrueuses aux abords des stations. Le trajet prendra bien plus de dix minutes mais nous permettra de rejoindre le terminal routier d'El Alto, et de quitter l'intrigante mais passionnante La Paz.

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